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Cycle Révolution Digitale : Comment faire de l’assurance collaborative un gisement de valeur ?

Cycle Révolution Digitale : Comment faire de l’assurance collaborative un gisement de valeur ?

Selenis a étudié les projets en cours de création ou développement dans le domaine de l’assurance collaborative. Il s’agit de comprendre pourquoi les start-ups de l’assurance collaborative se développent aujourd’hui et de s’intéresser au rôle que pourra tenir un assureur traditionnel à l’avenir.


L’assurance n’échappe pas au développement de l’économie collaborative. De nombreux projets de peer-to-peer insurance voient le jour depuis un peu plus de six ans, à l’instar de Friendsurance, première entreprise d’assurance collaborative, créée en 2010 en Allemagne.


En 2016, une telle action devient beaucoup plus compliquée dans le cadre de l’ANI qui impose la couverture santé obligatoire des salariés par leur employeur.

Aujourd’hui, l’assurance collaborative s’appuie sur la promesse de faire des économies grâce à la digitalisation des services proposés qui limite les coûts administratifs afférents, mais aussi à un fonctionnement vertueux par la mise en place de communautés – souvent des proches – qui limitent la fraude et la prise de risque.


Une évolution qui ébranle les assureurs traditionnels, appelés à se transformer. S’agit-il d’un risque ou d’une nouvelle opportunité pour les assureurs traditionnels ? Malgré la crainte de se faire « ubériser », ces derniers peuvent compter sur le fait que l’assurance collaborative ne s’oppose pas toujours aux assureurs traditionnels, voire s’appuie sur eux.


Qu’est-ce que l’assurance collaborative ?


L’assurance collaborative (aussi appelée crowdinsurance ou peer-to-peer insurance en anglais) correspond aux nouveaux modes d’assurance proposés par l’économie collaborative. L’assurance collaborative démontre un certain nombre de caractéristiques communes à toutes les start-ups :


Une approche communautaire supposant l’organisation des assurés en groupes de 5 à 100 personnes. Les assurés créent des communautés avec leurs proches (groupes privés), ou s’intègrent dans des groupes existants (groupes publics),
Un fonctionnement entièrement digital et désintermédié via des plateformes en lignes, ce qui permet une réduction notable des coûts,
Un pot commun alimenté par les cotisations qui permet de rembourser les sinistres de premier niveau.

Par ailleurs, dans un certain nombre de start-ups de l’assurance collaborative, en cas de sinistre, la décision de remboursement provient des pairs, à l’instar de l’entreprise chinoise TongJuBao. D’autres sociétés laissent à leurs assurés la liberté de déterminer leur niveau de participation, comme InsPeer.

En fonction de l’engagement de l’entreprise, son mode de rémunération et le statut règlementaire, nous avons identifié trois modèles de business :


Plateforme financière rémunérée par les frais administratifs prélevés sur les cotisations (licence d’une plateforme de gestion des fonds),
Courtage en assurance rémunéré par la commission payée par l’assureur (agrément d’un courtier en assurance)
Service de mutualisation de franchises rémunéré par un pourcentage de l’indemnisation (l’agrément n’est pas nécessaire car ces services ne se substituent pas à un contrat d’assurance)


Pourquoi l’assurance collaborative est plébiscitée aujourd’hui ?


Le secteur de l’assurance souffre d’une mauvaise réputation liée en partie à la crise financière de 2008. La majorité des clients perçoivent les assureurs comme des entreprises peu innovantes, opaques avec une structure hiérarchique et un système administratif très lourds. Selon l’enquête mondiale World Insurance Report publiée par Capgemini en 2015, seulement 28,9 % des clients dans le monde se sont déclarés satisfaits de leur assureur en 2014. Le taux de satisfaction est encore plus faible auprès de la génération Y qui critique la lourdeur administrative et la lenteur du processus de gestion des sinistres.1 Les fondateurs des nouvelles start-ups évoquent ainsi que la mauvaise gestion du service client et l’incapacité des assureurs de proposer des tarifs satisfaisants ont été les facteurs principaux qui avaient contribué à leur volonté de proposer une alternative.2


Nous identifions trois raisons qui expliquent un engouement pour l’assurance collaborative :


Une attractivité liée à la baisse des coûts : l’attractivité des nouveaux assureurs P2P est basée essentiellement sur la promesse de la diminution des primes grâce à la maîtrise des frais généraux.
Une transparence accrue vis-à-vis des clients : les nouveaux acteurs mettent aussi en avant la transparence des prix et des garanties pour l’assuré qui devrait résulter d’une meilleure communication du service client, d’une approche pédagogique et simplifiée dans la rédaction des garanties, d’utilisation des outils phares comme les comparateurs.
Une réponse au besoin d’innovation et de personnalisation : Les nouveaux acteurs se positionnent également en tant que promoteurs de nouveaux produits et de services qui ne sont pas disponibles sur le marché. Ils répondent ainsi à la demande d’adaptabilité et de personnalisation des offres recherchées par les assurés.

Enfin, le contexte général de développement de l’économie collaborative dans d’autres secteurs comme les services hôteliers, taxis, incite les nouveaux entrepreneurs de chercher des modèles alternatifs plus orientés vers le client final.


L’assurance collaborative encore à l’épreuve ?


Les exemples précités montrent que l’assurance collaborative semble pour l’instant la plus adaptée aux petits risques à forte fréquence, comme l’assurance des appareils nomades (smartphones, tablettes, etc.) et se positionne en complément des assureurs traditionnels ; ces derniers sont en général sollicités pour couvrir les risques des sinistres importants. En effet, la couverture de risques plus lourds nécessite d’atteindre une taille critique suffisante et dépend donc du nombre d’utilisateurs souhaitant s’assurer. Or la personnalisation à l’extrême proposée par certains assureurs collaboratifs limite de fait le nombre de clients potentiellement intéressés et semble donc incompatible avec cette démarche.


D’autres aspects du business model des nouveaux acteurs méritent un approfondissement, notamment leur rentabilité, la qualité du service client en situation de sinistre, leur capacité à maîtriser les fraudes ou imposer des règles strictes de fonctionnement à l’ensemble de la communauté qui garantissent le succès d’un projet collaboratif (règles de résiliation du contrat, conséquence d’une fraude ou d’une hausse de sinistralité).


Du point de vu réglementaire, l’assurance est un secteur extrêmement régulé, notamment en termes de solvabilité, ce qui crée d’importantes barrières à l’entrée. Les start-ups de l’assurance collaborative déjà en place ont pu trouver des passerelles pour répondre aux exigences des autorités de régulation (agrément d’un courtier en assurance pour Friendsurance, licence d’une plateforme financière pour Guevara).


Les assureurs jouent également un rôle social que les nouvelles start-ups ne pourront pas s’approprier. Ces derniers attirent leurs clients principalement avec la promesse de primes moins élevées grâce aux mécanismes d’incitation à une bonne maitrise de risques et leur image innovant. Ce fonctionnement risque de poser à terme un problème de déséquilibre social et de se heurter aux questions réglementaires.


Néanmoins, la prise en compte du mouvement disruptif de fond lié à l’économie collaborative semble inévitable et fondamentale. En raison des barrières à l’entrée du secteur les assureurs disposent de temps pour réfléchir sur les conséquences, sur les impacts et les stratégies d’ajustement.


Quelle place pour les assureurs traditionnels ?


Quelles sont les mesures à prendre pour résister à la vague de l’économie collaborative qui menace réinventer le modèle traditionnel de l’assurance ?

D’un côté les acteurs traditionnels devront veiller aux évolutions du secteur de l’assurance en France et à l’étranger et réfléchir aux gisements de valeur à extraire des partenariats avec les nouveaux entrants. Les assureurs pourraient ainsi jouer un rôle proactif et à se montrer innovants, par exemple en établissant des partenariats avec les start-up collaboratives comme InsPeer. Suivant cette logique, BNP Paribas s’affirme comme un précurseur en s’associant à la start-up Amalfi (premier courtier P2P français).


Par ailleurs, les promesses portées par les nouveaux acteurs signalent aux sociétés d’assurance les failles qui doivent être comblées pour améliorer leur image et la satisfaction des clients. La fidélisation des clients passera par le développement de l’approche affinitaire et la personnalisation, ce que certains assureurs traditionnels ont déjà commencé à mettre en place.

Enfin, l’amélioration du service client via la digitalisation des services de gestion et de souscription, l’amélioration de la qualité des canaux de communication avec le client et la simplification des rédactions contribueront considérablement à l’amélioration de l’image du secteur de l’assurance.

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